■ nom; CONNORS
■ prénom; Annah
■ sexe; Féminin

■ date de naissance; 19 octobre 1989 ; 20 ans
■ lieu de naissance; New York aux Etats Unis

Le Kartel ? Je ne savais pas ce dont il s’agissait avant mon passage en prison. J’ignorais tout de ça et je m’en portais divinement bien … quoique ça reste tout de même à relativiser. Bref, ma vie était plutôt bien organisée avant cette rencontre en prison. Les membres du Kartel se sont présentés comme une nouvelle famille, un moyen de m’en sortir, de sortir la tête de l’eau. Je n’avais plus rien lorsque j’ai fais leur rencontre : je n’avais plus d’argent, plus d’ami, plus de famille, plus d’honneur, plus de bonheur. Aujourd’hui, le Kartel m’aide à avoir une encore moins bonne estime de moi. J’essaie de chasser mon esprit de mon corps à chaque fois mais ce n’est pas chose aisée. J’essaie de cacher les quelques cicatrices et marques causées par des clients pervers et violents en vain. Ma vie n’est qu’un amas de poussières mais je suis persuadée – au fond de moi – que les choses pourraient s’améliorer. Je suis convaincue que ma vie peut encore se rétablir, que je peux vivre à nouveau de manière équilibrée et que je pourrais enfin faire la fierté de mes parents et notamment de ma sœur aînée. Je n’attends que ça : le signe de la vie, signe que la vie se soucie enfin de moi. Pitié, faites moi un signe !.

Lorsque je suis inquiète ou lorsque j’ai le moindre coup de blues, mon esprit me replonge dans mon passé sans que je ne lui demande quoique ce soit. Il m’y plonge à une vitesse surprenante, je me laisse porter par celui-ci et je me revois à New York, entourée de ma famille aujourd’hui détruite. Tout était parfait et pour tout vous dire, je ne me souviens même pas d’un mauvais souvenir de cette époque. De six ans la cadette de ma sœur, elle était un idéal à mes yeux. Elle faisait tout avant moi et elle le faisait bien. Je l’admirais et je me souviens très bien passer des heures et des heures à la regarder écouter de la musique dans sa chambre. Aileen était une sorte d’ange, elle était toujours là pour m’aider, pour me soutenir, pour me câliner lorsque mon père me grondait ou lorsque mes parents s’absentaient. Deux doigts de la main qui durent se séparer lorsqu’elle quitta la maison pour l’université. Cette séparation marquera à tout jamais une faille dans ma vie, dans mon histoire, dans la construction de l’être misérable que je suis aujourd’hui. A chaque fois, je ressors de mes pensées brusquement en me rendant compte que j’ai tout simplement tout détruit. Laissée à moi-même, je n’avais plus ma sœur aînée pour me conseiller et pour veiller sur moi … je me mis à trainer avec des personnes peu fréquentables que je considérais comme des amis, je me mis à consommer de la drogue. Bien sûr, j’avais le sentiment de tout contrôler, que rien ne m’échappait et j’étais douée pour cacher mon mal-être à tous ceux qui tenaient à moi … y compris à elle, qui fondait sa véritable vie loin de moi.

-Aileen !? Je … non non, tout va bien. Ne t’inquiète pas et toi alors comment ça va ?
-Ne te moque pas de moi An’, j’entends bien qu’il y a quelque chose qui cloche dans ta voix. Qu’est ce qu’il t’arrive ? Maman m’a appelé pour me dire qu’elle s’inquiétait pour toi et tes fréquentations.
-Aileen, tu sais bien comment elle est, elle exagère toujours un peu. Ce ne sont que de vieilles racailles à doc marteens. Ils se prennent pour des rockeurs mais ne feraient pas de mal à qui que ce soit. D’ailleurs, on se voit quand nous deux ? je pourrais peut-être venir chez vous un de ces jours.
-Bien. Si tu le dis, je te fais confiance Annah. Take care. Et passe quand tu veux à la maison, tu es la bienvenue.

Aussitôt raccrochée, j’avais déjà mon nez poudrée de blanc et ma tête penchée en arrière pour profiter de ce miraculeux produit qui me faisait oublier mes soucis, mes ennuis mais également à quel point ce monde se fichait de mon existence. Andrew posa sa lourde main sur ma cuisse pour me sourire ; un sourire carnassier que je considérais comme amoureux et épris d’amour. Balivernes. Ce mec n’était que mon dealeur, un parasite qui trainait chez moi pour avoir un toit mais que je ne pouvais m’empêcher d’aimer. Je sombrais peu à peu dans les ennuis mais j’avais toujours ce sentiment d’avoir une longueur d’avance sur la vie au cas où les choses tournaient mal. Toutefois, au lieu de me voler ma vie, cette saloperie de destin choisit ma sœur qui allait être mère. Il préféra voler la vie de celle qui était la plus heureuse en me laissant croupir dans le caniveau.
Je me souviens parfaitement des larmes, de cette sensation de vide, ce sentiment que tout s’écroule autour de vous. Ma vie n’avait plus de sens. On avait volé ma sœur, le seul être qui n’ait jamais compté pour moi. Lorsque vous perdez quelqu’un de cher, la Terre cesse de tourner et vous avez besoin d’agir pour la relancer, pour remettre les choses en place. Je ne pouvais pas rester là à essayer de faire mon deuil alors que cet homme rôdait toujours dans les rues. Faisant mes valises, je me mis en tête de la venger, de lui faire payer.

- Son mari va s’en occuper. Laisse tomber. Ce n’est pas à toi de jouer les cow boy modernes, Annah. Putain Annah ! Arrête de gigoter et de tourner dans tous les sens, tu me donnes la nausée là.
Mon petit ami et dealeur, pour une fois, avait les bons mots raisonnés mais ils ne m’atteignaient pas, je m’agitais dans la pièce avec un cône incandescent entre les lèvres. Dame Marie Jeanne ne m’apaisait pas. Seule sa mort pourrait m’apaiser.
- Son idiot de mari a été incapable de la protéger et tu crois que je vais le laisser attendre que la police fasse son taff. Tu rêves Andrew. Je vais aller lui botter le cul moi-même …

Le plus dur a été de payer cette arme et de retrouver sa trace. Je trainais dans les coins les plus malfamés de la ville, je payais sans cesse sans compter. Je me ruinais pour le retrouver, le tuer, le voir souffrir sous mes yeux et peut-être que cela me soulagerait. J’attendais qu’il paye. Mon arme à la main, j’étais décidée à tirer un trait sur cette histoire de vengeance. Pointant mon arme sur lui, j’allais appuyer sur la gâchette lorsque deux personnes me tombèrent dessus. Sortis de nulle part, ils m’arrêtèrent. Détruite, ils venaient de détruire le peu qu’il me restait : la chance de la venger. Direction case prison pour une semaine ou plutôt pour toujours puisque j’ai eu le malheur de signer un pacte avec le diable … me retrouvant parmi le Kartel.

Aujourd'hui, alors que tout est pourri autour de moi ... je n'ai besoin que d'une chose : une main qui se tendrait pour me sauver, me sortir de là.